Une société, qui par hypothèse connait son activité et qui, comme toute personne, n’est pas censée ignorer la loi, au besoin en recourant à l’assistance d’un professionnel, dispose de tous les éléments pour se rendre compte du caractère injustifié des sommes qui lui sont réclamées par la SPRE.
Certes, dans certaines hypothèses, la jurisprudence a pu estimer que la qualification juridique était trop incertaine pour permettre à celui dont la créance dépendait de cette qualification d’agir avant que celle-ci soit établie par un jugement (ainsi jugé implicitement, en matière de contrefaçon : Cass. 1re Civ., 15 novembre 2023, pourvoi n° 22-23.266, point 8), mais tel n’est manifestement pas le cas du simple choix entre la catégorie des cafés et restaurants sonorisés ou celle des bars et restaurants à ambiance musicale. Nos Conseils : 1. Attention à bien vérifier les barèmes et les catégories d’établissements applicables avant de payer des redevances, afin d’éviter tout paiement indû et de pouvoir éventuellement demander une restitution. 2. Il est recommandé de conserver une trace écrite de toute correspondance avec des tiers concernant des litiges juridiques, afin de pouvoir prouver les démarches entreprises en cas de contentieux ultérieur. 3. Il est conseillé de réagir rapidement et de manière diligente en cas de demande d’explications ou de contestation de facturation, afin d’éviter tout risque de préjudice lié à un manque de réactivité. |
→ Résumé de l’affaireLa société 3 Francs 6 sous conteste les redevances trop élevées payées à la Spré entre 2014 et 2020, estimant relever de la catégorie des cafés et restaurants sonorisés plutôt que des bars et restaurants à ambiance musicale. Elle demande le remboursement de 20 925,64 euros, des dommages et intérêts, ainsi que des frais de procédure. La Spré résiste à ces demandes, arguant que la qualification de bar à ambiance musicale était légitime et que la société 3 Francs 6 sous doit également des redevances pour la musique de sonorisation. Les deux parties s’opposent sur la prescription des sommes réclamées et sur la compensation à appliquer. La Spré nie toute faute et affirme que la période litigieuse a été impactée par la crise sanitaire.
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→ Les points essentielsMotivationLa demande en restitution est fondée sur l’article L. 214-1 du code de la propriété intellectuelle qui prévoit une rémunération pour l’utilisation de phonogrammes dans des lieux publics. La prescription de l’action en restitution est de cinq ans à compter de la connaissance du caractère indû du paiement. La société 3 Francs 6 sous a payé des redevances depuis 2014, mais seule la somme payée après le 9 mars 2017 est recevable. La restitution des sommes indûment payées au titre des bars et restaurants à ambiance musicale est justifiée. Bienfondé de la restitutionLa Spré réclame des redevances au titre des bars et restaurants à ambiance musicale, mais ne conteste pas devoir restituer la somme correspondante. La société 3 Francs 6 sous relève des cafés et restaurants sonorisés, donc la redevance réclamée au titre de l’autre catégorie n’était pas due. La demande en restitution de l’intégralité pour la période non prescrite est bienfondée. Créance réciproque au titre des redevances pour l’activité de café ou restaurant sonoriséLa société 3 Francs 6 sous doit payer la redevance pour l’activité de café ou restaurant sonorisé. La Spré ne justifie pas les montants réclamés, mais le montant démontré est retenu. La compensation des créances réciproques est établie, et la Spré doit rembourser un montant à la société 3 Francs 6 sous. Les intérêts au taux légal sont calculés jusqu’au jour du jugement. Demande indemnitaireLa Spré n’a pas répondu aux courriers de la société 3 Francs 6 sous pendant cinq ans, ce qui témoigne d’une désinvolture ou d’une désorganisation fautive. Cependant, la société 3 Francs 6 sous n’explicite pas le préjudice causé par cette faute, donc sa demande est rejetée. Dispositions finalesLa Spré est condamnée aux dépens et doit indemniser partiellement la demanderesse de ses frais. L’exécution provisoire est de droit et rien ne justifie de l’écarter ici. Les montants alloués dans cette affaire: – La Spré doit payer 442,16 euros à la société 3 Francs 6 sous
– La Spré doit payer 1 500 euros à la société 3 Francs 6 sous au titre de l’article 700 du code de procédure civile |
→ Réglementation applicable– Code de la propriété intellectuelle
– Code civil – Code de procédure civile Article L. 214-1 du code de la propriété intellectuelle: Article L. 214-4 du code de la propriété intellectuelle: Article 1302 du code civil: Article 2224 du code civil: Article 1347 du code civil: Article 1347-1 du code civil: Article 1343-1 du code civil: Article 1347-1 du code civil: Article 1352-7 du code civil: |
→ AvocatsBravo aux Avocats ayant plaidé ce dossier: – Maître Philippe MEILHAC de la SELEURL SELARL MEILHAC AVOCATS
– Maître Guillem QUERZOLA |