Renouvellement de bail commercial : Évaluation de la valeur locative et fixation du loyer dans un contexte de silence des parties. en 10 Questions / Réponses

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Résumé de cette affaire : Monsieur [CM] [J] a donné à bail des locaux à Monsieur [I] [U], qui ont été cédés à la société ARABESQUE FINE ART puis à la société B.G.C. Le bail, initialement conclu pour 9 ans à partir du 1er septembre 2011, a été renouvelé tacitement à partir du 1er septembre 2020. La société B.G.C. a demandé le renouvellement du bail pour 9 années supplémentaires à compter du 1er janvier 2021, mais les consorts [J] n’ont pas répondu. En avril 2022, B.G.C. a sollicité la fixation du loyer à 49.500 euros par an et a assigné les consorts [J] en juillet 2022 pour obtenir cette fixation, ainsi que des intérêts sur les trop-perçus de loyer. Le juge des loyers commerciaux a constaté le renouvellement du bail et a ordonné une expertise pour déterminer le loyer. L’expert a évalué la valeur locative à 55.600 euros par an. En août 2024, B.G.C. a demandé que le loyer soit fixé à 48.350 euros, tandis que les consorts [J] proposaient 80.974,95 euros. Le jugement du 15 octobre 2024 a fixé le loyer à 55.600 euros, a ordonné le paiement d’intérêts sur le différentiel de loyer, et a partagé les dépens entre les parties.

1. Quelles sont les conditions de renouvellement d’un bail commercial ?

Le renouvellement d’un bail commercial est régi par les dispositions des articles L. 145-1 à L. 145-60 du Code de commerce.

Selon l’article L. 145-33, le bail commercial se renouvelle automatiquement à l’expiration de sa durée, sauf si l’une des parties notifie son intention de ne pas renouveler le bail.

Cette notification doit être faite au moins six mois avant l’expiration du bail.

En l’absence de cette notification, le bail est renouvelé aux mêmes conditions, sauf accord contraire des parties.

Il est également important de noter que le loyer du bail renouvelé doit être fixé à la valeur locative, conformément à l’article L. 145-34, si celle-ci est inférieure au loyer plafonné.

2. Comment est déterminée la valeur locative d’un local commercial ?

La valeur locative d’un local commercial est déterminée selon les critères énoncés à l’article L. 145-33 du Code de commerce.

Cet article stipule que la valeur locative doit être fixée en tenant compte des caractéristiques du local, de sa destination, des obligations des parties, des facteurs locaux de commercialité et des prix pratiqués dans le voisinage.

L’expert judiciaire doit donc évaluer ces éléments pour établir un loyer équitable.

Il est essentiel que cette évaluation soit fondée sur des références de loyers comparables dans le même secteur géographique.

3. Quelles sont les conséquences d’une mauvaise foi dans le cadre d’un bail commercial ?

La mauvaise foi dans le cadre d’un bail commercial a des conséquences juridiques importantes, notamment en matière de restitution des sommes perçues.

Selon l’article 1352-7 du Code civil, celui qui a reçu de mauvaise foi doit restituer les intérêts, les fruits perçus ou la valeur de la jouissance à compter du paiement.

En revanche, celui qui a reçu de bonne foi ne doit ces intérêts qu’à compter du jour de la demande.

Ainsi, la mauvaise foi peut entraîner des obligations financières supplémentaires pour le locataire ou le bailleur.

4. Quelles sont les majorations possibles de la valeur locative ?

La valeur locative peut être majorée pour plusieurs raisons, notamment l’effet « bonbonnière ».

Cette majoration est appliquée en raison de la configuration particulière du local, qui peut influencer sa valeur locative.

La jurisprudence a établi que cette majoration peut varier entre 5 et 20 % selon les caractéristiques du local.

L’expert judiciaire doit justifier le pourcentage retenu en se basant sur des décisions antérieures et des éléments factuels.

Il est également possible d’appliquer des majorations pour des travaux autorisés qui n’ont pas été réalisés, mais cela nécessite une démonstration de l’avantage que ces travaux auraient pu conférer.

5. Quelles sont les obligations du preneur à la fin du bail commercial ?

À la fin d’un bail commercial, le preneur a plusieurs obligations, notamment celles stipulées dans l’article III 4° du contrat de bail.

Il doit remettre les lieux dans le même état qu’il les a trouvés, ou, si le bailleur le préfère, laisser les travaux effectués sans indemnité.

Cela inclut tous les travaux d’amélioration ou de modification réalisés durant la durée du bail.

En l’absence d’un état des lieux d’entrée, il peut être difficile de prouver l’état initial des locaux.

6. Quelles sont les conditions pour obtenir un abattement sur la valeur locative ?

Un abattement sur la valeur locative peut être demandé lorsque des travaux ont été réalisés par le preneur, mais qui ont fait accession au bailleur.

L’article III 3° du bail stipule que le preneur doit laisser tous les travaux effectués sans indemnité au bailleur.

Pour obtenir un abattement, il est nécessaire de prouver que la valeur locative calculée inclut ces travaux et que leur absence aurait entraîné une valeur locative inférieure.

Sans preuve de l’état des lieux à l’entrée, il est difficile d’obtenir cet abattement.

7. Quelles sont les conséquences d’une expertise judiciaire dans le cadre d’un bail commercial ?

L’expertise judiciaire dans le cadre d’un bail commercial a pour but de déterminer la valeur locative des locaux.

Elle permet d’évaluer les caractéristiques des locaux, les loyers comparables et d’appliquer les correctifs nécessaires.

Les conclusions de l’expert sont généralement prises en compte par le juge, qui peut les valider ou les contester.

L’expertise peut également influencer le partage des dépens entre les parties, en fonction de la nécessité de la procédure.

8. Comment se calcule le montant du loyer renouvelé ?

Le montant du loyer renouvelé est calculé en prenant en compte la valeur locative déterminée par l’expert, après application des correctifs.

La valeur locative est multipliée par la surface pondérée des locaux pour obtenir le montant principal.

Des majorations peuvent être appliquées pour des éléments tels que l’effet « bonbonnière ».

Le loyer renouvelé ne peut pas dépasser le montant du loyer plafonné, conformément à l’article L. 145-34 du Code de commerce.

9. Quelles sont les règles concernant les intérêts sur les loyers perçus en trop ?

Les règles concernant les intérêts sur les loyers perçus en trop sont régies par les articles 1352-6 et 1352-7 du Code civil.

La restitution des loyers perçus en trop inclut les intérêts au taux légal à compter de la date de l’assignation pour les loyers échus avant cette date.

Pour les loyers échus après cette date, les intérêts courent à compter de chaque échéance contractuelle.

Les intérêts dus pour une année entière seront capitalisés, conformément à l’article 1343-2 du Code civil.

10. Quelles sont les implications de l’exécution provisoire d’une décision judiciaire ?

L’exécution provisoire d’une décision judiciaire est de droit, ce qui signifie qu’elle peut être mise en œuvre immédiatement, même en cas d’appel.

Cela permet de garantir que les droits des parties sont respectés sans attendre la décision finale.

Cependant, les parties peuvent être tenues de prendre en charge les dépens, y compris les frais d’expertise.

L’exécution provisoire vise à assurer une protection rapide des droits des parties en attendant la résolution définitive du litige.

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