Reconnaissance de la Faute Inexcusable de l’Employeur et Indemnisation des Préjudices Liés à une Maladie Professionnelle en 10 Questions / Réponses

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Résumé de cette affaire : Monsieur [K] [O], employé de la société FONDERIE DU POITOU FONTE de 1991 à 2019, a été reconnu par la CPAM de la Vienne comme souffrant d’une maladie professionnelle liée à l’inhalation de poussières d’amiante, avec une rente annuelle de 1 659,54 euros pour un taux d’incapacité de 10 %. La société a été placée en redressement judiciaire en 2019, suivie d’une liquidation. En février 2021, Monsieur [O] a demandé une conciliation concernant une éventuelle faute inexcusable de l’employeur, sans succès. Il a ensuite saisi le tribunal judiciaire de Poitiers en décembre 2021 pour obtenir la reconnaissance de cette faute et une majoration de ses indemnités. Lors de l’audience de septembre 2024, il a demandé la reconnaissance de la faute inexcusable, la majoration de sa rente, et des indemnités pour souffrances physiques et morales. Les liquidateurs de la société n’ont pas comparu, arguant que les créances n’avaient pas été déclarées avant la liquidation. La CPAM a demandé au tribunal de se prononcer sur la faute inexcusable et le remboursement des sommes avancées. Le tribunal a déclaré l’action de Monsieur [O] recevable, reconnu la faute inexcusable de l’employeur, fixé la majoration de la rente au maximum légal, et ordonné le paiement d’indemnités pour souffrances, tout en déclarant irrecevable la demande de remboursement de la CPAM et débouté Monsieur [O] de sa demande d’indemnisation au titre de l’article 700 du code de procédure civile.

Quels sont les délais de prescription pour agir en reconnaissance de la faute inexcusable ?

La prescription de l’action en reconnaissance de la faute inexcusable est régie par les articles L. 431-2 et L. 461-1 du Code de la sécurité sociale.

Ces articles stipulent que la victime d’une maladie professionnelle ou ses ayants droit disposent d’un délai de deux ans pour agir. Ce délai commence à courir à partir de l’un des événements suivants :

– La date à laquelle la victime est informée par un certificat médical du lien possible entre sa maladie et son activité professionnelle.

– La cessation du travail en raison de la maladie constatée.

– La clôture de l’enquête.

– La cessation du paiement des indemnités journalières.

– La reconnaissance du caractère professionnel de la maladie.

Il est important de noter que ce délai peut être interrompu par une action en reconnaissance du caractère professionnel de la maladie.

Il ne recommencera à courir qu’à partir de la décision ayant reconnu ce caractère professionnel.

Dans le cas de Monsieur [O], le délai a commencé à courir le 2 octobre 2020, date à laquelle il a eu connaissance de la prise en charge de sa maladie professionnelle.

Comment se déroule la recevabilité de l’action en cas de procédure collective ?

La recevabilité de l’action en reconnaissance de la faute inexcusable dans le cadre d’une procédure collective est régie par les articles L. 452-1 et suivants du Code de la sécurité sociale, ainsi que par les articles L. 622-21 et L. 641-3 du Code de commerce.

Ces dispositions précisent que l’indemnisation complémentaire allouée à la victime d’une faute inexcusable de l’employeur est versée directement aux bénéficiaires par la caisse primaire d’assurance maladie.

Cette caisse récupère ensuite le montant auprès de l’employeur. Ainsi, la victime n’a pas à déclarer sa créance si elle ne demande pas la condamnation de la société en liquidation judiciaire au paiement d’une somme d’argent.

Cependant, les sommes avancées par la CPAM pour lesquelles elle sollicite le remboursement de la société FONDERIE DU POITOU FONTE ne pourront pas être mises à la charge de la liquidation, faute de déclaration de créance dans les délais légaux, conformément aux articles L. 622-24 et R. 622-24 du Code de commerce.

Quelles sont les conditions pour établir la faute inexcusable de l’employeur ?

La faute inexcusable de l’employeur est définie par l’article L. 461-1 du Code de la sécurité sociale.

Cet article stipule que toute maladie désignée dans un tableau de maladies professionnelles et contractée dans les conditions mentionnées à ce tableau est présumée d’origine professionnelle.

Pour établir la faute inexcusable, deux conditions cumulatives doivent être réunies :

1. L’employeur avait ou aurait dû avoir conscience du danger auquel était exposé le salarié.

2. L’employeur n’a pas pris les mesures nécessaires pour protéger le salarié.

Il est indifférent que la faute inexcusable ait été la cause déterminante de l’accident ; il suffit qu’elle en ait été une cause nécessaire pour engager la responsabilité de l’employeur.

La charge de la preuve incombe à la victime, qui doit démontrer que l’employeur avait connaissance du danger et qu’il n’a pas pris les mesures adéquates.

Comment se calcule la majoration des indemnités en cas de faute inexcusable ?

La majoration des indemnités en cas de faute inexcusable est régie par l’article L. 452-2 du Code de la sécurité sociale.

Cet article précise que l’assuré, victime d’une faute inexcusable de son employeur, a droit à une majoration des indemnités déjà perçues.

Si ces indemnités ont été perçues sous forme de capital, la majoration ne peut excéder ce montant.

En cas de rente, la majoration est déterminée de manière à ce que la rente majorée ne puisse excéder :

– La fraction du salaire annuel correspondant à la réduction de capacité.

– Le montant du salaire en cas d’incapacité totale.

La majoration suit l’évolution du taux d’incapacité reconnu à la victime.

Dans le cas de Monsieur [O], la faute inexcusable de la société FONDERIE DU POITOU FONTE a été établie, et la majoration de la rente sera fixée à son maximum légal.

Quels sont les préjudices réparables en cas de maladie professionnelle ?

L’article L. 452-3 du Code de la sécurité sociale énonce que, indépendamment de la rente perçue au titre de l’accident du travail, la victime peut demander réparation pour divers préjudices.

Ces préjudices incluent :

– Les souffrances physiques et morales.

– Les préjudices esthétiques.

– Les préjudices d’agrément.

– La perte ou la diminution des possibilités de promotion professionnelle.

La réparation de ces préjudices est versée directement aux bénéficiaires par la caisse, qui en récupère le montant auprès de l’employeur.

Dans le cas de Monsieur [O], il a sollicité une indemnisation pour ses souffrances physiques et morales, ainsi que pour son préjudice d’agrément, ce qui a été reconnu par le tribunal.

Comment se détermine l’indemnisation pour souffrances physiques et morales ?

L’indemnisation pour souffrances physiques et morales est déterminée en fonction des éléments de preuve fournis par la victime.

Les pièces médicales, comme les certificats et les comptes rendus d’examens, jouent un rôle crucial dans l’évaluation des souffrances.

Dans le cas de Monsieur [O], plusieurs certificats médicaux ont établi la présence d’un épaississement pleural et d’un nodule pulmonaire.

Les attestations de ses proches ont également mis en lumière l’impact de sa maladie sur sa qualité de vie.

Le tribunal a ainsi fixé une indemnité de 21 000 euros, répartie entre les souffrances physiques et morales, en tenant compte de l’impact psychologique de la maladie sur Monsieur [O].

Qu’est-ce que le préjudice d’agrément et comment est-il indemnisé ?

Le préjudice d’agrément est constitué par l’impossibilité pour la victime de continuer à pratiquer régulièrement une activité spécifique, qu’elle soit sportive ou de loisir.

Ce type de préjudice inclut la limitation de la pratique antérieure.

Dans le cas de Monsieur [O], il a dû renoncer à son activité de pompier volontaire et à la pêche, ce qui a été documenté par des attestations.

Il a sollicité une indemnisation de 16 000 euros pour ce préjudice, et le tribunal a reconnu la validité de sa demande, fixant l’indemnité à 3 000 euros.

Quels sont les frais irrépétibles et comment sont-ils pris en charge ?

Les frais irrépétibles sont les frais exposés devant le tribunal qui ne peuvent être récupérés par la partie gagnante.

L’article L. 452-3 du Code de la sécurité sociale précise que ces frais ne sont pas compris dans les sommes que la caisse doit avancer.

Ainsi, dans le cas de Monsieur [O], il ne pourra pas mettre à la charge de la liquidation judiciaire de l’employeur les dépens et les frais irrépétibles.

Ces frais resteront donc à sa charge, conformément aux dispositions légales en vigueur.

Quelles sont les conditions pour l’exécution provisoire d’un jugement ?

L’exécution provisoire d’un jugement est une mesure qui permet d’exécuter immédiatement une décision de justice, même si celle-ci peut faire l’objet d’un appel.

Cependant, l’article 514 du Code de procédure civile précise que l’exécution provisoire n’est pas automatique et doit être justifiée par des circonstances particulières.

Dans le cas de Monsieur [O], le tribunal a décidé qu’aucune circonstance particulière ne justifiait l’exécution provisoire de son jugement.

Ainsi, le jugement sera exécutoire à l’issue des voies de recours, sans exécution immédiate.

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