Une oeuvre réalisée à partir de dessins d’enfants peut être originale et protégée contre la contrefaçon.
En la cause, concernant l’originalité de la fresque, il est établi que celle-ci a été faite à partir de dessins d’enfant, néanmoins, ces dessins n’étaient qu’un premier support afin de créé la fresque finale, de sorte que l’intervention des enfants est inopérant dans l’analyse du caractère original de cette dernière. Les travaux préparatoires permettent d’établir que la fresque est empreinte de leur personnalité et de leurs choix libres et créatifs, en effet ils avaient une volonté de créer une scénographie imagée par le monde minéral et des expéditions polaires, qui se traduit par la présence de divers animaux marins plus ou moins réalistes, représentés de manière enfantine créant un lien avec le support initial, ceux-ci étant de couleurs et tailles diverses. Ce choix est accompagné d’une colorimétrie qui leur est propre, comme la terre cuite utilisée pour représenter la vague, un contraste de couleur entre le monde polaire essentiellement blanc avec des illustrations de flocons de neige en opposition avec un monde plus sombre au sein duquel sont représentés différents êtres vivants. Tout ceci représente un cycle, une transition, la banquise au moment de la fonte des glace au printemps, contre la période hivernale plus sombre, avec moins de lumière, de soleil. A ces éléments visuels s’ajoutent différents matériaux utilisés qui permettent également de caractériser les choix propres qu’ont fait les auteurs, l’utilisation de la gouache et l’émail à froid sur papier, des différences entre matité et brillance, l’utilisation de la plastiline et de la terre de potier, permettent de donner du relief. La comparaison des autres oeuvres de l’un des auteurs avec la fresque permet d’établir que cette fresque fait partie intégrante de l’univers des auteurs et de leur empreinte artistique. |
→ Résumé de l’affaireEn 1970, E et R Z ont créé une fresque en céramique intitulée « Innocent printemps » pour le Centre Régional de Document Pédagogique. En 2015, la commune de Localité 11 a vendu l’immeuble où se trouvait la fresque. La société Finapar a acquis l’immeuble et a dû enlever la fresque en raison de la présence d’amiante. Les héritiers des artistes ont demandé réparation pour la destruction de l’oeuvre. Le tribunal judiciaire de Lille a condamné Finapar à payer 100 000 euros aux héritiers pour atteinte aux droits d’auteur. Finapar a fait appel de cette décision. Les parties ont des prétentions et des moyens différents, notamment sur le montant de la réparation à verser. Les héritiers demandent également la remise des photographies de la fresque. L’affaire est en attente de jugement en appel.
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→ Les points essentielsMOTIFS DE LA DECISIONSur l’originalité de la fresque « Innocent Printemps »La société Finapar conteste le caractère protégeable de la fresque litigieuse, arguant qu’elle ne possède pas le caractère d’originalité requis par le code de la propriété intellectuelle. En revanche, les consorts [Z] soutiennent que l’oeuvre est originale, singulière et reflète les choix créatifs personnels de leurs parents. Ils apportent des éléments de preuve pour démontrer l’originalité de la fresque, notamment des descriptions détaillées de la création de l’oeuvre et des travaux préparatoires effectués. Il est établi que la fresque est empreinte de la personnalité des auteurs et de leurs choix créatifs, ce qui confirme son originalité. Aux termes des dispositions du code de la propriété intellectuelle, l’originalité d’une oeuvre est essentielle pour bénéficier de la protection du droit d’auteur. La fresque « Innocent Printemps » répond à ces critères d’originalité, ce qui justifie sa protection au titre du droit d’auteur. Sur l’atteinte au droit d’auteurLa société Finapar justifie la destruction de la fresque en raison de la présence d’amiante dans la colle, arguant un cas de force majeure. Cependant, les consorts [Z] contestent cette justification, affirmant que la destruction de l’oeuvre constitue une atteinte indiscutable aux droits d’auteur. Ils soulignent que la société Finapar avait l’obligation de conserver et d’entretenir la fresque selon le contrat de vente de l’immeuble. Il est établi que la destruction de l’oeuvre constitue une atteinte aux droits d’auteur des consorts [Z], qui étaient héritiers des auteurs de la fresque. La société Finapar n’a pas démontré la nécessité impérative de la destruction de l’oeuvre, alors que des mesures de confinement de l’amiante étaient possibles. Par conséquent, la destruction de la fresque est disproportionnée et constitue une violation du droit d’auteur. Sur les demandes indemnitairesLes consorts [Z] sollicitent la réparation de leur préjudice résultant de la destruction de l’oeuvre, incluant le coût de reconstruction de l’oeuvre et le préjudice moral causé. La société Finapar conteste le montant des demandes indemnitaires, mais ne fournit pas de justifications suffisantes. Il est décidé que la société Finapar devra verser une somme totale de 66 500 euros en réparation des préjudices subis par les consorts [Z]. Cette somme comprend le coût de reconstruction de l’oeuvre et le préjudice moral causé par l’atteinte aux droits d’auteur. En conclusion, la décision de la cour confirme la protection de la fresque « Innocent Printemps » au titre du droit d’auteur et condamne la société Finapar à verser des dommages et intérêts aux consorts [Z] pour la destruction de l’oeuvre. Les montants alloués dans cette affaire:
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→ Réglementation applicable– Article L. 111-1 du code de la propriété intellectuelle
– Article L. 112-1 du code de la propriété intellectuelle – Article L. 113-1 du code de la propriété intellectuelle – Article L. 121-1 du code de la propriété intellectuelle – Article L. 331-1-3 du code de la propriété intellectuelle – Article 954 du code de procédure civile – Article 564 du code de procédure civile Texte de l’article L. 111-1 du code de la propriété intellectuelle: Texte de l’article L. 112-1 du code de la propriété intellectuelle: Texte de l’article L. 113-1 du code de la propriété intellectuelle: Texte de l’article L. 121-1 du code de la propriété intellectuelle: Texte de l’article L. 331-1-3 du code de la propriété intellectuelle: Texte de l’article 954 du code de procédure civile: Texte de l’article 564 du code de procédure civile: |
→ AvocatsBravo aux Avocats ayant plaidé ce dossier: – Me Bernard Franchi, avocat au barreau de Douai
– Me Eric Forgeois, avocat au barreau de Lille – Me Nathalie Verspieren-Macquet, avocat au barreau de Lille |