Le CSA vient d’abroger son interdiction de retransmission de certains types de combats. La Délibération n° 2020-58 du 21 octobre 2020 fixe le nouveau cadre juridique de la retransmission des combats d’arts martiaux mixtes sur les services de télévision et les services de médias audiovisuels à la demande
Combats libres v/ Dignité humaine
Selon l’article 1er de la loi du 30 septembre 1986, la liberté de communication peut être limitée dans la mesure requise notamment par le respect de la dignité de la personne humaine, par la sauvegarde de l’ordre public et par la protection de l’enfance et de l’adolescence.
Au regard de ces dispositions et de la nouvelle situation résultant de l’arrêté du ministère des sports du 31 janvier 2020 accordant à la Fédération française de boxe la délégation de service public prévue à l’article L. 131-14 du code du sport pour les arts martiaux mixtes, communément appelés MMA, et à l’issue d’une concertation menée auprès du ministère des Sports, le CSA autorise la retransmission des combats de MMA et la diffusion d’images de tels combats à la télévision et sur les services de médias audiovisuels à la demande, dans les conditions suivantes.
Conditions d’autorisation des combats libres
Les éditeurs de services de télévision et de services de médias audiovisuels à la demande peuvent retransmettre des combats amateurs et professionnels de MMA se déroulant en France et régis par la Fédération française de boxe, et diffuser des images de tels combats.
La retransmission par ces éditeurs de combats de MMA se déroulant à l’étranger n’est possible que si les règles et les techniques utilisées au cours de ces combats sont comparables aux standards de sécurité et d’intégrité que la Fédération française de boxe s’attache à vérifier lors de l’organisation de combats de MMA sur le territoire français.
Conditions de diffusion et de mise à disposition
En ce qui concerne les retransmissions de combats de MMA, eu égard à la violence et à l’étendue des coups et techniques autorisés dans cette discipline sportive dont les images sont susceptibles d’être impressionnantes et aux risques qui en résultent pour le jeune public, le CSA a demandé aux éditeurs de retenir la classification de catégorie IV (« déconseillé aux moins de 16 ans ») et de les retransmettre après 22h30 sur les services de télévision linéaires et sur les services de médias audiovisuels à la demande accessibles à titre gratuit et après 20h30 sur les chaînes cinéma et sur les services de paiement à la séance, en application de la recommandation du 7 juin 2005 et de la délibération du 20 décembre 2011.
Les éditeurs de services de télévision et de services de médias audiovisuels à la demande, lorsqu’ils diffusent ou mettent à disposition des extraits de combats de MMA, doivent respecter strictement les obligations prévues par la recommandation du 7 juin 2005 et par la délibération du 20 décembre 2011. Ils adaptent la signalétique et l’horaire, ainsi que, pour les services de médias audiovisuels à la demande, les conditions de mise à disposition des programmes qui comportent des extraits de combats au degré de violence et à sa durée d’exposition et font preuve de vigilance dans le choix des extraits proposés, notamment en journée.
Encadrement pédagogique
Les éditeurs de télévision et de services de médias audiovisuels à la demande accompagnent les retransmissions de combats de MMA d’un dispositif visant à avertir et à informer le public sur la nature des images (messages de prévention, modules ou programmes à visée pédagogique, etc.). Ils mettent l’accent sur la dimension sportive du MMA en apportant des éléments de connaissance sur les règles, les techniques, les dispositifs de protection, l’encadrement du MMA et sa pratique amateur. Ils accompagnent les retransmissions par des commentaires éclairés et rappellent que les athlètes sont des sportifs hautement qualifiés, que les techniques sont potentiellement dangereuses et ne doivent pas être reproduites.
Obligations déontologiques
Les éditeurs sont également tenus de faire preuve d’une particulière vigilance afin que le principe de dignité humaine soit respecté en toutes circonstances, tant en ce qui concerne les images diffusées que dans les propos tenus. Le CSA a demandé que la retransmission des combats ou d’extraits de combats de MMA, de même que les commentaires y afférant, n’incitent en aucune manière à des pratiques ou comportements dangereux, soient exempts de toute forme d’humiliation ou de complaisance envers la souffrance et soient mesurés s’agissant de l’évocation ou de la diffusion d’images de combattants en situation de péril ou de détresse.
Lutte contre le dopage
Comme pour les autres retransmissions sportives, les éditeurs de services de télévision sont tenus de contribuer à la lutte contre le dopage conformément à la délibération n° 2017-20 du 17 mai 2017 relative aux conditions de contribution des services de télévision diffusant des programmes sportifs à la lutte contre le dopage et à la protection des personnes pratiquant des activités physiques et sportives.
Exposition du sport féminin
Le CSA a rappelé son attachement à l’exposition du sport féminin dans les médias audiovisuels. A cet égard, il encourage les éditeurs qui diffusent des combats de MMA à donner toute sa place à la pratique féminine de cette discipline.
Les sports de combats non régis par une fédération
Les disciplines dans lesquelles est autorisée la mise hors de combat d’un sportif à la suite d’un coup porté par un adversaire et qui ne font pas l’objet d’une délégation à une fédération par le ministère des sports ne peuvent toutefois pas être diffusées ou mises à disposition par les éditeurs de services de télévision et de services de médias audiovisuels à la demande.
Aussi, le CSA demande à ces éditeurs de ne pas diffuser ni mettre à la disposition du public de combats :
– non conformes à l’ensemble des règles techniques et de sécurité mentionnées à l’annexe III-28 de la partie réglementaire du code du sport ;
– se déroulant à l’étranger et qui ne répondraient pas aux critères suivants : des règles de compétition respectant l’intégrité physique et morale des sportifs, la transmission de valeurs éducatives, un encadrement médical adapté, des contrôles antidopage, un encadrement formé (arbitres, juges, officiels…), des combattants d’égale valeur technique et de poids comparable.