Annulation d’un jugement en raison d’une modification législative rétroactive

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Annulation d’un jugement en raison d’une modification législative rétroactive

L’Essentiel : Dans cette affaire, un vendeur, après une mise en demeure restée sans réponse, a assigné un acheteur devant un tribunal judiciaire afin d’obtenir sa condamnation au paiement d’une somme d’argent correspondant au solde d’un contrat d’architecte. Le jugement rendu par le tribunal judiciaire a été contesté par le vendeur par le biais d’un pourvoi. Le Conseil d’État a annulé un texte de loi imposant un préalable de conciliation, privant ainsi de fondement juridique le jugement attaqué. L’affaire a été renvoyée devant un autre tribunal judiciaire, et l’acheteur a été condamné aux dépens.

Contexte de l’affaire

Dans cette affaire, un vendeur, après une mise en demeure restée sans réponse, a assigné un acheteur devant un tribunal judiciaire afin d’obtenir sa condamnation au paiement d’une somme d’argent correspondant au solde d’un contrat d’architecte.

Procédure judiciaire

Le jugement rendu par le tribunal judiciaire d’Ajaccio le 31 mai 2022 a été contesté par le vendeur par le biais d’un pourvoi déposé le 9 août 2022. Ce pourvoi a été examiné à la lumière des dispositions du code de procédure civile, notamment en ce qui concerne l’effet rétroactif des annulations contentieuses.

Décision du Conseil d’État

Le Conseil d’État a annulé un texte de loi qui imposait un préalable de conciliation, en dérogeant au principe de l’effet rétroactif des annulations. Cette décision a des conséquences sur l’instance en cours, car elle a été engagée avant la décision du Conseil d’État.

Conséquences de l’annulation

L’annulation du texte a eu pour effet de priver de fondement juridique le jugement attaqué. Par conséquent, le jugement du 31 mai 2022 a été annulé dans son intégralité, et les parties ont été remises dans l’état où elles se trouvaient avant ce jugement.

Renvoi et dépens

L’affaire a été renvoyée devant un autre tribunal judiciaire, celui de Bastia, et l’acheteur a été condamné aux dépens. La demande d’application de l’article 700 du code de procédure civile a été rejetée, et le présent arrêt sera transmis pour être inscrit en marge du jugement annulé.

Q/R juridiques soulevées :

Quelle est la portée de l’article 750-1 du code de procédure civile dans le cadre d’une instance engagée ?

L’article 750-1 du code de procédure civile stipule que :

« Avant d’introduire une action en justice, les parties doivent tenter de parvenir à un accord amiable. »

Cependant, dans le cas présent, le Conseil d’État a annulé ce texte, dérogeant ainsi au principe de l’effet rétroactif des annulations contentieuses.

Cela signifie que les effets produits par ce texte sont considérés comme définitifs, sauf pour les actions engagées à la date de la décision.

En conséquence, l’instance engagée par l’acheteur avant la décision du Conseil d’État n’est pas soumise à l’obligation de conciliation prévue par cet article.

Ainsi, l’article 750-1 n’est pas applicable au litige en question, ce qui a conduit à l’annulation du jugement du tribunal judiciaire d’Ajaccio.

Quelles sont les conséquences de l’annulation du jugement du tribunal judiciaire d’Ajaccio ?

L’annulation du jugement rendu le 31 mai 2022 a pour effet de remettre les parties dans l’état où elles se trouvaient avant ce jugement.

Cela signifie que toutes les décisions prises par le tribunal judiciaire d’Ajaccio sont considérées comme nulles et non avenues.

La Cour de cassation, en annulant le jugement, a également renvoyé l’affaire devant le tribunal judiciaire de Bastia pour qu’elle soit réexaminée.

Cette décision implique que l’acheteur et le vendeur devront à nouveau présenter leurs arguments et preuves devant ce nouveau tribunal.

De plus, l’acheteur a été condamné aux dépens, ce qui signifie qu’il devra supporter les frais de la procédure.

Enfin, la demande d’application de l’article 700 du code de procédure civile a été rejetée, ce qui indique que les frais d’avocat ne seront pas remboursés.

Comment le Conseil d’État a-t-il justifié l’annulation de l’article 750-1 du code de procédure civile ?

Le Conseil d’État a justifié l’annulation de l’article 750-1 du code de procédure civile en considérant que son application aurait des conséquences néfastes sur les instances déjà engagées.

Il a décidé de déroger au principe de l’effet rétroactif des annulations contentieuses, ce qui signifie que les effets produits par l’article annulé restent valables pour les actions engagées avant la décision.

Cette décision vise à protéger les droits des parties impliquées dans des litiges en cours, en évitant que des règles nouvelles ne viennent perturber des procédures déjà entamées.

Ainsi, le Conseil d’État a veillé à maintenir la sécurité juridique des décisions judiciaires antérieures à l’annulation de l’article.

Cette approche permet de garantir que les parties ne soient pas pénalisées par des changements législatifs intervenus après le début de leur procédure.

CIV. 2

LM

COUR DE CASSATION
______________________

Audience publique du 6 février 2025

Annulation

Mme MARTINEL, président

Arrêt n° 130 F-B

Pourvoi n° V 22-20.070

R É P U B L I Q U E F R A N Ç A I S E

_________________________

AU NOM DU PEUPLE FRANÇAIS
_________________________

ARRÊT DE LA COUR DE CASSATION, DEUXIÈME CHAMBRE CIVILE, DU 6 FÉVRIER 2025

M. [B] [X], domicilié [Adresse 1], a formé le pourvoi n° V 22-20.070 contre le jugement rendu le 31 mai 2022 par le tribunal judiciaire d’Ajaccio, dans le litige l’opposant à M. [Y] [P], domicilié [Adresse 2], défendeur à la cassation.

Le demandeur invoque, à l’appui de son pourvoi, deux moyens de cassation.

Le dossier a été communiqué au procureur général.

Sur le rapport de Mme Bonnet, conseiller référendaire, les observations de la SAS Boulloche, Colin, Stoclet et Associés, avocat de M. [X], et l’avis de Mme Trassoudaine-Verger, avocat général, après débats en l’audience publique du 18 décembre 2024 où étaient présentes Mme Martinel, président, Mme Bonnet, conseiller référendaire rapporteur, Mme Durin-Karsenty, conseiller doyen, et Mme Thomas, greffier de chambre,

la deuxième chambre civile de la Cour de cassation, composée des président et conseillers précités, après en avoir délibéré conformément à la loi, a rendu le présent arrêt.

Faits et procédure

1. Selon le jugement attaqué (tribunal judiciaire d’Ajaccio, 31 mai 2022), M. [X], après une mise en demeure infructueuse, a assigné M. [P] devant un tribunal judiciaire afin d’obtenir sa condamnation à lui payer une certaine somme au titre du solde d’un contrat d’architecte.

Examen des moyens

Sur le moyen relevé d’office

2. Après avis donné aux parties conformément à l’article 1015 du code de procédure civile, il est fait application de l’article 620, alinéa 2, du même code.

Vu l’article 750-1 du code de procédure civile, dans sa rédaction issue de l’article 4 du décret n° 2019-1933 du 11 décembre 2019 :

3. Ce texte a été annulé par le Conseil d’État qui a décidé de déroger au principe de l’effet rétroactif des annulations contentieuses en sorte que les effets produits par ce texte sont définitifs sous réserve des actions engagées à la date de la décision (CE, chambres réunies, 22 septembre 2022, n° 436939).

4. Le jugement du 31 mai 2022 a fait l’objet d’un pourvoi le 9 août 2022 par M. [X]. À la date de la décision du Conseil d’État, une instance était engagée.

5. L’instance étant, dès lors, atteinte par l’effet rétroactif de l’annulation, l’article 750-1 du code de procédure civile, prescrivant un préalable obligatoire de conciliation, n’est pas applicable au litige.

6. Il en résulte que la décision du Conseil d’État précitée prive de fondement juridique le jugement attaqué.

7. Ce jugement doit, dès lors, être annulé.

PAR CES MOTIFS, et sans qu’il y ait lieu de statuer sur les griefs du pourvoi, la Cour :

ANNULE, en toutes ses dispositions, le jugement rendu le 31 mai 2022, entre les parties, par le tribunal judiciaire d’Ajaccio ;

Remet l’affaire et les parties dans l’état où elles se trouvaient avant ce jugement et les renvoie devant le tribunal judiciaire de Bastia ;

Condamne M. [P] aux dépens ;

En application de l’article 700 du code de procédure civile, rejette la demande ;

Dit que sur les diligences du procureur général près la Cour de cassation, le présent arrêt sera transmis pour être transcrit en marge ou à la suite du jugement annulé ;

Ainsi fait et jugé par la Cour de cassation, deuxième chambre civile, et prononcé par le président en son audience publique du six février deux mille vingt-cinq.


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