Résumé de cette affaire : Monsieur [H] [E], ancien employé de la société DALKIA, a été diagnostiqué avec des plaques pleurales, reconnues comme maladie professionnelle liée à l’inhalation de poussières d’amiante. La Caisse Primaire d’Assurance Maladie (CPAM) a attribué une indemnité en capital pour un taux d’incapacité de 5 %. Après avoir accepté une offre d’indemnisation du Fonds d’Indemnisation des Victimes de l’Amiante (FIVA), Monsieur [E] a demandé la reconnaissance de la faute inexcusable de son employeur. En l’absence de conciliation, il a saisi le Tribunal judiciaire de Poitiers. Le FIVA a demandé la reconnaissance de la faute inexcusable, la majoration de l’indemnité en capital, et l’indemnisation de divers préjudices. DALKIA a contesté la faute inexcusable et a demandé le rejet des demandes du FIVA. La CPAM a indiqué qu’elle s’en remettait à la justice concernant la faute inexcusable et les préjudices. Le tribunal a déclaré l’action du FIVA recevable, a reconnu la faute inexcusable de DALKIA, a fixé la majoration du capital, et a ordonné le paiement d’indemnités au FIVA, tout en condamnant DALKIA à rembourser la CPAM et à verser des frais de justice.
|
1. Qu’est-ce que le FIVA et quel est son rôle dans l’indemnisation des victimes de l’amiante ?Le Fonds d’Indemnisation des Victimes de l’Amiante (FIVA) a été créé par la loi n° 2000-1257 du 23 décembre 2000. Il a pour mission d’indemniser les victimes de l’amiante, notamment celles qui ont été exposées à ce matériau dans le cadre de leur activité professionnelle. L’article 53 de cette loi précise que le FIVA est subrogé dans les droits des victimes à due concurrence des sommes versées. Cela signifie que, une fois qu’une victime accepte l’offre d’indemnisation du FIVA, ce dernier devient le seul à pouvoir demander en justice le paiement des indemnisations dues par les responsables du dommage. Ainsi, toute action future de la victime pour obtenir réparation du même préjudice devient irrecevable. — 2. Quelles sont les conditions de recevabilité de l’action du FIVA ?L’article 53, IV de la loi n° 2000-1257 stipule que l’acceptation de l’offre du FIVA rend irrecevable toute autre action en réparation du même préjudice. Le FIVA, en tant que créancier subrogé, peut agir en justice pour obtenir réparation des préjudices qu’il a indemnisés. Il est donc essentiel que la victime accepte l’offre du FIVA pour que ce dernier puisse exercer ses droits. En l’espèce, Monsieur [E] a accepté l’offre du FIVA, ce qui rend son action recevable. Le FIVA est ainsi le seul à pouvoir demander le paiement des indemnisations dues. — 3. Quel est le délai de prescription pour agir en reconnaissance de la faute inexcusable ?Selon les articles L 431-2 et L 461-1 du Code de la sécurité sociale, le délai pour agir en reconnaissance de la faute inexcusable est de deux ans. Ce délai commence à courir à partir de plusieurs événements, tels que la date à laquelle la victime est informée par un certificat médical du lien entre sa maladie et son activité professionnelle. Il est également interrompu par une action en reconnaissance du caractère professionnel de la maladie. Dans le cas de Monsieur [E], le délai a commencé à courir le 21 juin 2018, date à laquelle il a eu connaissance de sa maladie. Le FIVA a agi dans les délais, rendant son action recevable. — 4. Quelles sont les conditions pour établir la faute inexcusable de l’employeur ?L’article L 452-1 du Code de la sécurité sociale définit la faute inexcusable comme le manquement de l’employeur à son obligation de sécurité envers ses salariés. Pour établir cette faute, deux conditions doivent être réunies : 1. L’employeur devait avoir conscience du danger auquel était exposé le salarié. Il appartient à la victime de prouver ces éléments. Dans le cas de Monsieur [E], il a été démontré que la société DALKIA avait connaissance des dangers liés à l’amiante et n’a pas pris de mesures de protection adéquates. — 5. Quelles sont les conséquences de la reconnaissance de la faute inexcusable ?La reconnaissance de la faute inexcusable entraîne plusieurs conséquences, notamment en matière d’indemnisation. L’article L 452-2 du Code de la sécurité sociale prévoit que la victime a droit à une majoration des indemnités déjà perçues. Cette majoration est automatique et ne nécessite pas de preuve supplémentaire du préjudice subi. Dans le cas de Monsieur [E], la majoration de son indemnité a été fixée à 1.958,18 euros, en raison de la faute inexcusable de son employeur. — 6. Comment sont déterminées les indemnisations pour souffrances physiques et morales ?L’article L 452-3 du Code de la sécurité sociale permet à la victime de demander réparation pour les souffrances physiques et morales. Cette réparation est versée directement aux bénéficiaires par la caisse, qui récupère ensuite le montant auprès de l’employeur. Dans le cas de Monsieur [E], le FIVA a indemnisé 200 euros pour souffrances physiques et 15.800 euros pour souffrances morales. Les éléments médicaux et les attestations de proches ont été pris en compte pour évaluer ces préjudices. — 7. Qu’est-ce que le préjudice d’agrément et comment est-il indemnisé ?Le préjudice d’agrément, selon l’article L 452-3, alinéa 4, du Code de la sécurité sociale, concerne l’impossibilité pour la victime de pratiquer des activités de loisir. Pour obtenir réparation, il appartient à la victime de prouver qu’elle pratiquait ces activités avant la maladie. Dans le cas de Monsieur [E], il a été indemnisé à hauteur de 1.200 euros pour son incapacité à poursuivre ses activités sportives, corroborée par des attestations de proches. — 8. Quelles sont les obligations de l’employeur en matière de sécurité ?L’article L. 4121-1 du Code du travail impose à l’employeur une obligation de sécurité de résultat envers ses salariés. Cela inclut la prévention des risques liés aux maladies professionnelles. Le manquement à cette obligation constitue une faute inexcusable si l’employeur avait connaissance du danger et n’a pas pris de mesures pour protéger ses employés. Dans le cas de Monsieur [E], la société DALKIA n’a pas respecté cette obligation, ce qui a conduit à la reconnaissance de sa faute inexcusable. — 9. Quelles sont les conséquences des frais irrépétibles dans une procédure judiciaire ?Les frais irrépétibles, selon l’article 700 du Code de procédure civile, sont des frais de justice non compris dans les dépens. Il est équitable de les allouer à la partie gagnante, afin de compenser les frais engagés pour la procédure. Dans le cas de Monsieur [E], la société DALKIA a été condamnée à verser 1.000 euros au titre de ces frais, en raison de sa position de partie perdante. — 10. Quelles sont les modalités d’exécution des décisions judiciaires en matière d’indemnisation ?Les décisions judiciaires en matière d’indemnisation doivent être exécutées conformément aux dispositions du jugement. Dans le cas présent, la CPAM est tenue de verser les sommes dues au FIVA, qui indemnise ensuite la victime. La société DALKIA, en tant que responsable, doit rembourser ces sommes à la CPAM. Aucune exécution provisoire n’a été ordonnée, ce qui signifie que les décisions doivent être respectées dans le cadre normal de la procédure. |